Le militantisme, l’associatif, le réseau, c’est du social. De l’humain. Il n’y a rien de plus enrichissant et de plus gratifiant que ça. Pour tout dire, il n’y a rien non plus de plus épuisant que ça.
Je peux mettre bout-à-bout tous mes coups de nerfs, de fatigue et d’exaspération concernant mon militantisme, c’est toujours lié à l’humain.
Celui qui sait mieux et fait face à un besoin apparemment irrépressible de le faire savoir en étant désagréable.
Celui qui se dit que te rentrer dedans et te provoquer, c’est correct et ça ne t’atteint pas.
Celui qui te demande une justification sur tout, partout, tout le temps, et n’accepte pas de refus.
Celui qui se plaint de l’épuisement qu’il rencontre tout en t’épuisant sans en avoir rien à faire.
Et puis, bien sûr, celui qui n’a jamais eu d’autre utilité que de remuer la merde.
La semaine dernière, je me suis déconnecté de mes réseaux sociaux, à cause de l’humain.
Cette semaine, de tempêtes en naufrages, j’ai rencontré un point de saturation, et j’aurais pu prendre la place de celui qui fait une envolée lyrique par e-mail pour se plaindre des merdes qu’on lui envoie à la figure. Je ne l’ai pas fait, déjà parce que c’est souvent celui-là même qui pompe l’énergie des autres sans s’en rendre compte, mais aussi parce que cette envolée lyrique aurait sans doute fini en un claquement violent de porte et un doigt d’honneur façon Vicious. J’ai claqué une seule porte, une petite, une fenêtre, histoire de me préserver, et me suis tû.
Cela dit, je couche ici que je suis fatigué de ce type de comportements, et que ce n’est pas parce que je ne m’en plains pas en prenant toute la place dans le collectif que je suis inébranlable et qu’on peut me cracher au visage.
C’est d’autant plus épuisant quand ça vient de gens dont c’est le seul investissement visible, sous couvert de défendre d’autres personnes des méchants tels que moi, qui ne prennent même pas soin des bénévoles et de leur énergie. Des gens qui n’ont jamais été là, qui n’ont jamais rien fait, n’ont rien vu non plus, mais trouvent le moyen de venir l’ouvrir bien fort et en y mettant les dents.
En termes d’énergie, ce qui est sûr, c’est que je ne prends pas soin de la mienne, que je considère donner beaucoup sans attendre grand chose d’autre qu’un peu de respect et de chaleur humaine. Certains m’offrent les deux, plus que je n’en mérite. D’autres me donnent le contraire et s’amusent de surcroît à me pousser à bout.
Personne ne veut que j’atteigne mes derniers retranchements, je pense. Ou alors autant le dire directement, que je lâche l’affaire et trace ma route.
Je ne sais pas où je vais à travers ces quelques paragraphes, mais j’ai besoin de coucher un état émotionnel quelque part, tant qu’il est encore frais.
En bref, ce n’est pas parce qu’on ne dit rien que vous n’avez pas d’impact et pouvez vous permettre de jouer les emmerdeurs. Et accessoirement, si votre vision du débat idéal, c’est celui où vous réussissez à être épuisant jusqu’à ce qu’on se taise pour avoir la paix, vous ne construisez pas ce que vous prétendez vouloir construire.
Et puis merde, à la fin.